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2 Le monument aux Morts.


           Le monument aux Morts de Robert-Espagne a été inauguré le dimanche 8 novembre 1925.


Monsieur André Maginot plusieurs fois ministre de la République a présidé la cérémonie aux côtés de Léon Rogier, le maire du village.

M. Léon Rogier , Conseiller d’arrondissement du canton de Bar-le-Duc, président d’honneur de la Société de tir et de la fanfare du village, chef de bataillon de reserve, officier de la Légion d’honneur et il avait reçu la croix de guerre.

C’est madame Lucie Bougnol, qui conçut et réalisa le monument au début de l’année 1925. Il est de granite brut des Vosges, Il se compose d’une stele assez élevée, sa face antérieure porte une statue allégorique, « la Gloire jetant des lauriers ». Les côtés, décorés eux aussi d’allégories, présentant un soldat marchant au combat, figurant le sacrifice, puis une jeune femme qui pleure parmi les croix de bois : c’est le deuil. Enfin sont gravés dans la pierre les noms des cinquante et un morts de Robert-Espagne (1).

Le jour de l’inauguration, était aussi présent avec les habitants, le conseil municipal de Robert-Espagne, M. Charles Magny, préfet de la Meuse, M. Pol Chevalier sénateur de la Meuse, conseiller général du canton de Bar-le-Duc, M. Mayaux président du conseil d’arrondissement, premier adjoint au maire de Bar-le-Duc, M. René Léchaudel président des anciens combattants du village.

Dans la matinée, l’abbé Toupot célébra un service funèbre à l’église, puis les invités prirent place au banquet.
À 13 heures, avant de se rendre au monument, M. Maginot remit son drapeau à la nouvelle section des anciens combattants, groupant les communes de Robert-Espagne, Trémont-sur-Saulx, et environs. Cette courte et impressionnante cérémonie se déroula devant la mairie.
Puis un cortège se forma qui, réunissant derrière la fanfare la section des A.C., les vétérans de 1870, le conseil municipal et les autorités militaires et religieuses, se rendit au monument.

M. Rogier ouvre la série des discours, il remercie les généreux souscripteurs, il fait l’éloge du grand Meusien André Maginot, remercie toute l’assemblée de sa présence. M. Lucie Bougnol, qui conçut et réalisa le monument, reçois encore les éloges et les remerciements du maire, qui voit en cette oeuvre toute l’âme, tout le cœur de l’artiste. Puis M. Le maire parle des morts, de ces enfants de la commune qui seront l’exemple des générations futures; il traduit avec émotion les sentiments de l’assistance, qui l’applaudit chaleureusement.

M. René Lechaudel, président des anciens combattants succède à M. Rogier, il rappelle l’héroïsme de ses compagnons d’armes, leurs souffrances, leur sacrifice, leur mort glorieuse et en souvenir de ces héros, il fait auprès de ses camarades un appel pressant à l’union, il termine son discours en disant que ce sera avec une enthousiaste fierté que nous nous associerons à nos populations, dans toutes les manifestations qui auront pour objet de rendre hommage à nos vaillants camarades qui, avant de mourir et par leur mort même ont coopéré à la grandeur de notre belle Patrie.

Puis, M. Michelet, ancien instituteur et président de la société de tir de Robert-Espagne vient saluer ceux de ses anciens élèves dont cette pierre symbolisera la mémoire. Il dépose au pied du monument la palme offerte par l’Amicale des anciens élèves de l’école.

M. Charles Magny, préfet de la Meuse apporte aux héros que l’on fête en ce jour, l’hommage du gouvernement de la République. Il fait lui aussi appel à l’union de tous les Français dont les énergies doivent être tendues vers un but commun, sauver et relever la France si meurtrie par la guerre que malgré sa victoire ; sept ans après la tourmente, elle n’a pas encore retrouvé sa rayonnante vitalité.

Enfin se lève M. Maginot, très acclamé par une foule très dense qui se pressait autour du monument, l’ancien ministre de la République sut exalter les qualités des soldats de la France, glorifier le sacrifice des Vaillants tombés au champ d’Honneur et rappeler quels devoirs incombaient aux survivants. Il montra comment l’union de tous avait forcé la victoire à couronner nos drapeaux. Il montra combien encore l’union rompue par quelques-uns était aujourd’hui nécessaire pour finir l’oeuvre des morts.
« La paix, à l’heure présente est encore loin d’être une réalité. Nos soldats sont encore obligés, au Maroc et en Syrie, de verser leur sang pour défendre les droits et l’honneur de la France. Les guerres dont nous pensions avoir épuisé le fléau sévissent encore, en dépit d’une volonté pacifique dont nous sommes souvent trop seuls à multiplier les preuves ».
« Devant ce monument élevé aux vaillants enfants de Robert-Espagne qui nous ont légué un si grand exemple, jurons de rester fidèles à leur volonté et à leurs espérances. Soyons unis comme ils l’ont été. Pour la Patrie, pour la République dont les destinées pour nous se confondent et que nous chérissons d’un égal amour, pour la victoire qui nous a coûté si cher et dont nous ne voulons pas être spoliés, écoutons les voix qui montent des tombes sacrées. C’est l’âme de la France qui nous parle et nous dicte notre devoir ».
« Une fois de plus, Français, répondons à son appel et serrons les rangs pour défendre l’intérêt national en péril ».
« Dans la paix comme dans la guerre, le salut et la victoire sont à ce prix »
La Marseillaise, exécutée par la fanfare, religieusement écoutée par l’assistance, termina cette cérémonie du souvenir sur un souffle d’héroïsme et de gloire, hommage à ceux qui a l’appel de la Patrie en danger, saisirent sans hésitation les armes salvatrices avec lesquelles ils luttèrent et tombèrent pour le salut commun.


1/ Depuis l’inauguration, le nom d’un enfant du village est gravé sur une plaque de marbre scellée sur le monument, il est tombé aux combats au Liban lors du conflit du levant 1919-1925. Puis des noms de soldats et résistants tombés lors de la guerre 1939-1945 sont gravés sur d’autres plaques de marbres, elles aussi scellées sur le monument.

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