Monsieur André
Maginot plusieurs fois ministre de la République a présidé la cérémonie aux
côtés de Léon Rogier, le maire du village.
M. Léon
Rogier , Conseiller d’arrondissement du canton de Bar-le-Duc, président
d’honneur de la Société de tir et de la fanfare du village, chef de bataillon
de reserve, officier de la Légion d’honneur et il avait reçu la croix de
guerre.
C’est madame
Lucie Bougnol, qui conçut et réalisa le monument au début de l’année 1925. Il
est de granite brut des Vosges, Il se compose d’une stele assez élevée, sa face
antérieure porte une statue allégorique, « la Gloire jetant des lauriers ».
Les côtés, décorés eux aussi d’allégories, présentant un soldat marchant au
combat, figurant le sacrifice, puis une jeune femme qui pleure parmi les croix
de bois : c’est le deuil. Enfin sont gravés dans la pierre les noms des
cinquante et un morts de Robert-Espagne (1).
Le jour de
l’inauguration, était aussi présent avec les habitants, le conseil municipal de
Robert-Espagne, M. Charles Magny, préfet de la Meuse, M. Pol Chevalier sénateur
de la Meuse, conseiller général du canton de Bar-le-Duc, M. Mayaux président du
conseil d’arrondissement, premier adjoint au maire de Bar-le-Duc, M. René
Léchaudel président des anciens combattants du village.
Dans la
matinée, l’abbé Toupot célébra un service funèbre à l’église, puis les invités
prirent place au banquet.
À 13 heures,
avant de se rendre au monument, M. Maginot remit son drapeau à la nouvelle
section des anciens combattants, groupant les communes de Robert-Espagne,
Trémont-sur-Saulx, et environs. Cette courte et impressionnante cérémonie se
déroula devant la mairie.
Puis un
cortège se forma qui, réunissant derrière la fanfare la section des A.C., les vétérans
de 1870, le conseil municipal et les autorités militaires et religieuses, se
rendit au monument.
M. Rogier
ouvre la série des discours, il remercie les généreux souscripteurs, il fait
l’éloge du grand Meusien André Maginot, remercie toute l’assemblée de sa
présence. M. Lucie Bougnol, qui conçut et réalisa le monument, reçois encore
les éloges et les remerciements du maire, qui voit en cette oeuvre toute l’âme,
tout le cœur de l’artiste. Puis M. Le maire parle des morts, de ces enfants de
la commune qui seront l’exemple des générations futures; il traduit avec
émotion les sentiments de l’assistance, qui l’applaudit chaleureusement.
M. René
Lechaudel, président des anciens combattants succède à M. Rogier, il rappelle l’héroïsme
de ses compagnons d’armes, leurs souffrances, leur sacrifice, leur mort
glorieuse et en souvenir de ces héros, il fait auprès de ses camarades un appel
pressant à l’union, il termine son discours en disant que ce sera avec une enthousiaste
fierté que nous nous associerons à nos populations, dans toutes les
manifestations qui auront pour objet de rendre hommage à nos vaillants
camarades qui, avant de mourir et par leur mort même ont coopéré à la grandeur
de notre belle Patrie.
Puis, M.
Michelet, ancien instituteur et président de la société de tir de Robert-Espagne
vient saluer ceux de ses anciens élèves dont cette pierre symbolisera la
mémoire. Il dépose au pied du monument la palme offerte par l’Amicale des
anciens élèves de l’école.
M. Charles
Magny, préfet de la Meuse apporte aux héros que l’on fête en ce jour, l’hommage
du gouvernement de la République. Il fait lui aussi appel à l’union de tous les
Français dont les énergies doivent être tendues vers un but commun, sauver et
relever la France si meurtrie par la guerre que malgré sa victoire ; sept
ans après la tourmente, elle n’a pas encore retrouvé sa rayonnante vitalité.
Enfin se lève
M. Maginot, très acclamé par une foule très dense qui se pressait autour du
monument, l’ancien ministre de la République sut exalter les qualités des
soldats de la France, glorifier le sacrifice des Vaillants tombés au champ d’Honneur
et rappeler quels devoirs incombaient aux survivants. Il montra comment l’union
de tous avait forcé la victoire à couronner nos drapeaux. Il montra combien
encore l’union rompue par quelques-uns était aujourd’hui nécessaire pour finir
l’oeuvre des morts.
« La
paix, à l’heure présente est encore loin d’être une réalité. Nos soldats sont
encore obligés, au Maroc et en Syrie, de verser leur sang pour défendre les droits
et l’honneur de la France. Les guerres dont nous pensions avoir épuisé le fléau
sévissent encore, en dépit d’une volonté pacifique dont nous sommes souvent
trop seuls à multiplier les preuves ».
« Devant
ce monument élevé aux vaillants enfants de Robert-Espagne qui nous ont légué un
si grand exemple, jurons de rester fidèles à leur volonté et à leurs
espérances. Soyons unis comme ils l’ont été. Pour la Patrie, pour la République
dont les destinées pour nous se confondent et que nous chérissons d’un égal
amour, pour la victoire qui nous a coûté si cher et dont nous ne voulons pas
être spoliés, écoutons les voix qui montent des tombes sacrées. C’est l’âme de
la France qui nous parle et nous dicte notre devoir ».
« Une
fois de plus, Français, répondons à son appel et serrons les rangs pour
défendre l’intérêt national en péril ».
« Dans
la paix comme dans la guerre, le salut et la victoire sont à ce prix »
La
Marseillaise, exécutée par la fanfare, religieusement écoutée par l’assistance,
termina cette cérémonie du souvenir sur un souffle d’héroïsme et de gloire,
hommage à ceux qui a l’appel de la Patrie en danger, saisirent sans hésitation
les armes salvatrices avec lesquelles ils luttèrent et tombèrent pour le salut
commun.
1/
Depuis l’inauguration, le nom d’un enfant du village est gravé sur une plaque
de marbre scellée sur le monument, il est tombé aux combats au Liban lors du
conflit du levant 1919-1925. Puis des noms de soldats et résistants tombés lors
de la guerre 1939-1945 sont gravés sur d’autres plaques de marbres, elles aussi
scellées sur le monument.
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