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4 Les Religieuses

LES RELIGIEUSES de ROBERT-ESPAGNE

Il semble que les religieuses soient arrivées au village depuis longues dates.

Une tombe au cimetière du bas leur était réservée, et offerte par les habitants du village.

                                            Sur cette tombe, ont peu lire :
Sœur Aurélie décédée à l’age de 70 ans.
Sœur Olympe 1793-1866.
Sœur Adelphine 1823-1880.
Sœur Amédée 1811-1881.
Sœur Louise 1853-1883.
Sœur Ste. Mansuy 1834-1883.
Sœur Appollinaire 1838-1902.

«Aux Sœurs de la doctrine
Chrétienne les habitants
Reconnaissants.
                                           Concession perpétuelle.  
      
Mais il est fort probable qu’il y en avait d’autres biens avant l’érection de ce monument.

Le 13 mai 1810 un nouveau traité est signé entre la commune et le conseil de la Congrégation des Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Nancy.
Ce traité stipule :

Chapitre 1 : La Doctrine Chrétienne s’engage à maintenir dans la commune de Robert-Espagne une Sœur en état de bien instruire les jeunes filles.

Chapitre 2 : Cette Sœur enseignera la lecture, l’écriture, l’orthographe, le calcul, et le catéchisme adopté pour l’Empire Français.

Chapitre 3 : Elle tiendra son école au moins trois heures le matin et trois heures l’après midi, tous les jours, excepté le dimanche et fêtes chômées. Elle pourra prendre en deux temps, quinze jours pendant la moisson, et quinze pendant les vendanges.

Chapitre 4 : Lorsque l’institution ne devra pas en souffrir, et surtout pendant l’été, la Sœur enseignera aussi les jeunes filles qui en sont susceptibles à coudre et à tricoter.

Chapitre 5 : Le traitement de la Sœur doit être de trois cents francs, il sera composé d’un fixe de cent vingt francs, et des écolages(frais de scolarité) qui seront fixés à quarante centimes par mois pour les filles qui n’écrivent pas, et à cinquante centimes pour celle qui écrivent, les unes et les autres fournirons leur bois pour chauffer, ce qui complétera à peu près la dite somme de trois cents francs.

Chapitre 6 : En attendant que la commune ait pu acquérir une maison elle lui louera un logement convenable de propreté à côté de son école, et à s’y loger elle-même de manière à ce qu’elle ne soit pas obligée de coucher dans sa classe.
Chapitre 7 : Elle sera exempte de corvée incompatible avec l’enseignement de la jeunesse, elle jouira néanmoins des émoluments de la commune en affouage, comme tous les habitants.

Chapitre 8 : Le présent traité sera soumis à l’approbation de Monsieur le Préfet.



Suivent les signatures du maire Munerelle, des Religieuses Rosalie Marquent, Marguerite Stener, Marguerite Marc, Puis du secrétaire général de la préfecture.

Décembre 1827, nouveau traité : Engagement à donner 2 Sœurs, l’une pour l’instruction des filles, l’autre pour le soin des malades.

24 Octobre 1828, traité approuvé par le Préfet.

18 Juillet 1847, création d’une salle de classe.

Le 20 Juin 1881, Mm. Martin mérite la reconnaissance des habitants de la localité, elle est décédée à Robert-Espagne après avoir placé sur l’Etat les capitaux nécessaires pour former une rente de 344 Frs. destinée à l’entretien à perpétuité d’une Sœur garde malade à Robert-Espagne.

Le 16 mars 1901, Le conseil municipal vote la somme de cinquante trois francs et 75 centimes pour la frappe d’une médaille d’honneur en argent à décerner à Sœur Appolinaire. Le conseil remercie le gouvernement de la République d’avoir bien voulu récompenser une humble sœur de charité. Sœur Appolinaire, a partagé les souffrances, les deuils, les dangers qui ont affligé tant de familles dans la commune. A son courage, on pourrait ajouter ses sacrifices, sa modestie et sa vertu qui ont été au dessus de tout éloge particulièrement dans les périodes de diverses épidémies. Suivent les signatures des conseillers et du maire A. Rogier.

1903-1904, difficultés au moment de la laïcisation.

Le 13 octobre 1943, un certificat est établi au nom de Sœur Emilie Demange infirmière à Robert-Espagne depuis 1934, qui reconnaît qu’elle a donné toute satisfaction à la population, par ses soins éclairés et son grand dévouement. Signé L. Rogier.


                                                    
                Les Religieuses après le sinistre.


Suite à la tragédie du 29 Août 1944, et à l’incendie de leur maison, Madame la Supérieure de la Doctrine Chrétienne décide de retirer les religieuses du village sinistré.

                                     Lettre de Mme. Arlabosse.

Le 22 octobre 1944, l’épouse du Général Arlabosse, en garnison à Nancy en 1939, d’où il partit en guerre à la tête de la 11eme. Division. 
Actuellement en séjour à Robert-Espagne, son village natal, ou elle vécut des heures tragiques le 29 août dernier, se permet de se faire l’interprète de la population martyre pour demander à Madame la Supérieure de revenir sur sa décision.
Elle retrace la situation ; Notre propriété (château «Le Ralliement», en face le tertre des fusillés) a été miraculeusement épargnée, et de ce fait est devenue immédiatement le centre d’accueil où les malheureux sinistrés ont trouvé un refuge et où les secours ont afflué pour adoucir leur misère immense.
N’ajoutez pas à leur malheur, celui de les priver des trois religieuses tant aimées, dont la présence est indispensable, plus que jamais en cette époque de grande misère.
Il y a ici 525 sinistrés et 50 familles privées d’un père ou d’un frère souvent les deux à la fois. Il faut les secourir matériellement en faisant des distributions de tout ce qui est nécessaire, les sœurs nous y aident quotidiennement, moralement en les visitant, les soutenant, là aussi les sœurs ont un rôle immense à remplir, soigner les malades privés de médecin et de pharmacien, sœur Olga y pourvoit, garder les petits sans foyer c’est l’affaire de sœur Maria.
Elles parties, qui prendra leur place ? Elle sera perdue cette place peut être pour toujours et, cela, ma Mère vous ne pouvez pas le permettre, encore moins le provoquer.
Cette population en détresse ne s’est pas dispersée comme vous semblez le croire, elle est restée groupée autour de son clocher qui, lui aussi a été miraculeusement épargné, l’église est intacte, alors que le presbytère tout voisin est anéanti.
Anéantie aussi la maison des Sœurs, mais ces dernières ont trouvé un refuge confortable dans une petite maison très correcte, située tout près de l’église, (rue du Cotton) et là sans un jour de défaillance, elles ont continué à remplir leur mission, plus belle et plus utile que jamais.
Ne les arrachez pas à leur devoir Madame la Supérieure, ne les enlevez pas à ceux, meurtris, qui ont tant besoin qu’elles pansent leurs blessures. Laissez-les-nous, nous vous en garderons une grande reconnaissance infinie.

Cette lettre a fait de l’effet car le 29 Octobre 1944 le maire Monsieur Léon Rogier écrivait à Madame la Supérieure en ces termes :


                                                  Lettre du maire


C’est avec un vif plaisir que j’ai appris que vous autorisez nos trois Sœurs à continuer leurs bons services à Robert-Espagne. 
J’avais reçu une importante délégation des dames du village pour me demander d’être l’interprète des sentiments de toute la population de mon cher pays natal qui a plus que jamais grand besoin de nos Sœurs.
Pour adoucir leur chagrin je leur ai répondu que prévoyant leur démarche, connaissant votre grande bonté je ne doutais pas un instant, que bien renseignée du grand malheur qui nous accable, votre décision donnerait satisfaction complète.
Madame la Générale Arlabosse qui se prodigue sans compter pour soulager nos sinistrés, s’est empressée de faire connaître la bonne nouvelle.
Malgré la tristesse que nous éprouvons devant nos ruines et les cercueils des 52 victimes de la barbarie la plus atroce, le maintien de nos Sœurs a causé une joie profonde.

6 Novembre 1944, Monsieur le maire L. Rogier répond à Madame la Supérieure.
                                                    Lettre du maire
Votre lettre du 30 Octobre que je me suis empressé de communiquer à nos Sœurs dévouées et à de nombreuses personnes qui se sont toujours intéressées à elles.
C’est vous dire, Madame la Supérieure, que toute la population est bien rassurée, ne cesse de faire votre éloge.
Il est de mon devoir de vous rassurer sur le logement qui maintenant vous donne entièrement satisfaction. Nos trois Chères Sœurs ont un logement pour elles seules, c'est-à-dire : Cuisine, chambre avec lit confortable pour chacune.
Il sera pourvu à leur chauffage et à tout ce qui est nécessaire à une bonne existence. La garderie est parfaitement installée. La gare n’ayant plus de voyageurs, nous avons obtenu de la SNCF pour la garderie la salle d’attente des 3eme classe, pour le bureau de poste la salle des 2eme classe (celle ci trop restreinte).
L’installation de la garderie est parfaite et très saine. Suivent les remerciements.



    Les Religieuses après la reconstruction du village.


A la veille de la tragédie du 29 Août 44 elles habitaient dans une maison léguée par la famille Moreau, rue des Juifs. (Cette maison se situerait actuellement sur la place de Verdun en face du nº 12). Après le sinistre, elles sont allées habiter dans une maison épargnée par l’incendie du village, puis dans un provisoire comme la plupart des habitants du village. Elles ont pris possession de leur maison reconstruite au nº 12 de la place de Verdun, dans les années 52-53.

A ce moment là, elles étaient trois. La mère supérieure, Sœur Léonie la plus âgée, Sœur Maria qui s’occupait principalement de la garderie des petits, elle s’occupait aussi des jeunes filles (il y avait un groupe d’âmes vaillantes au village), et elle enseignait le catéchisme. Puis Sœur Olga qui prodiguait aux malades les soins nécessaires, (piqûres, pansements). Quelquefois elles ensevelissaient nos défunts, Plus tard d’autres sont venues les remplacer.

Le 6 Août 1964, la direction de Doctrine Chrétienne de Nancy avisait le maire de Robert-Espagne que la décision de retirer les religieuses de Robert-Espagne était prise.  

Lettre du maire

Le 14 Août, Monsieur P. Robin maire envoyait un courrier à la Mère Supérieur lui demandant de reconsidérer son intention, en argumentant tous les bienfaits d’un maintien des sœurs au village : «Elles tenaient certes une place importante dans la vie de la commune et c’est à la satisfaction de tous qu’elles y accomplissaient des tâches matérielles délicates.

Ce n’est pourtant là que l’aspect le moins important de leur présence et de leur action ; dans ce domaine nous parviendrons à les remplacer tant bien que mal, mais ce que nous ne pourrions remplacer, si vous maintenez ce départ, c’est leur influence auprès des malades et des enfants.

Leur apostolat auprès des jeunes, la prière dont invisiblement elles entourent le village et qui, j’en suis sûr, est plus efficace que toute l’action directe que quelques laïcs dévoués peuvent essayer d’entreprendre et de mener à bien».

Malgré tous ces bons arguments, la détermination de la Mère Supérieur était sans appel.

Les Religieuses ont quitté le village le 10 Septembre 1964, certaines sont allées en maison de repos dans les Vosges, d’autres en Haute Marne. Le mobilier acquis en 1961 par la direction de Doctrine Chrétienne a été remis à la commune à leur départ.
Nous les avons regrettées car elles rendaient bien des services et nous les appréciions beaucoup. C’était encore au détriment du village, une page qui se tournait.
Liste des religieuses ayant accompli leur apostolat à Robert-Espagne communiquée par les religieuses de la doctrine Chrétienne de Nancy. 


Sœur Aurélie décédée à l’age de 70 ans.
Sœur Olympe 1793-1866.
Sœur Adelphine 1823-1880.
Sœur Amédée 1811-1881.
Sœur Louise 1853-1883.
Sœur Ste. Mansuy 1834-1883.
Sœur Appollinaire 1838-1902.
Sœur Arthémise avant 1903 décédée à Nancy en 1941.
Sœur Léonie de 1919 à 1957 décédée à Nancy en 1965.
Sœur Emile de 1934 à 1943 décédée à Nancy en1994.
Sœur Maria vers 1940 décédée à Nancy en1995.
Sœur Rémy vers 1940.
Sœur Olga de 1944 à 1950 décédée à Nancy en1953.
Sœur Lucienne de 1948 à 1960 décédée à Nancy en 1997.
Sœur Jeanne de 1950 à 1964 décédée à Nancy en 1984.
Sœur Claire vers 1957 décédée à Nancy en 1969.
Sœur St.Charles vers 1957 décédée à Nancy en 1969.
Sœur Clémentine de 1958 à 1961 décédée à Nancy en 1969.
Sœur Eléonore vers 1958.
Sœur Marie Ernest de 1960 à 1964 décédée à Nancy en 1983
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                       L'abbé Lefort avec les sœurs Lucienne, Olga et Léonie.
                                                 (Photo prise avant 1955).





L'abbé Aubert avec sœur Jeanne à gauche et deux autres religieuses dont je ne me souviens plus de leur nom. (Photo prise après 1962).

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